Barthélémy de Lesseps, messager de Lapérouse

Jean-Baptiste Barthélemy de Lesseps est né à Sète le 27 janvier 1766

Il passe son enfance à Hambourg puis St Pétersbourg où son père est consul. A 12 ans, il parle déjà le russe, l’allemand, l’espagnol et le français. Après 5 années d’étude au collège des Jésuites de Versailles, il repart à St Pétersbourg en 1783.

Il est nommé vice-consul de France à Cronstadt et est chargé par l’ambassadeur de France en Russie, le comte de Ségur, d’apporter à Versailles d’importantes dépêches. Ses connaissances linguistiques sont appréciées par Fleuriot de Langle et Lapérouse qui demandent que Barthélemy de Lesseps soit embarqué en qualité d’interprète franco-russe.

Il conserve le grade de vice-consul et embarque sur l‘Astrolabe commandée par Paul Fleuriot de Langle.

Le 1er Août 1785, La Boussole et l’Astrolabe quittent Brest.

Après un long périple (Amérique du Sud, Cap Horn, Océan Pacifique, Corée, Japon), les deux vaisseaux arrivent au Kamchatka.

Lapérouse décide alors de confier ses documents : journaux, cartes, notes… à Barthélémy de Lesseps avec mission de les apporter à Versailles, à 16 000 km de là. Confier ses documents c’était aussi se séparer d’un travail colossal réalisé en 2 ans de navigation et d’exploration. C’est dire la confiance de Lapérouse envers ce jeune vice-consul d’à peine 21 ans. Les deux vaisseaux repartent le 7 octobre 1787 en direction de Botany Bay. Barthélémy, de son côté, doit passer l’hiver au Kamchatka, bloqué par le mauvais temps. Il ne peut entreprendre son périple que le printemps de l’année suivante.

On apprend grâce au récit de son voyage, qu’arrivé à Irkoutsk, il met quarante jours pour rejoindre Saint-Pétersbourg. Il voyage à traineau tiré par des chiens ou des rennes, ou encore en barque. Son voyage dure treize mois : il arrive à Versailles le 17 octobre 1788.

Barthélémy remet les liasses de documents entre les mains du comte de Ségur à Saint-Pétersbourg, le 29 septembre 1788. Il continue jusqu’à Versailles, via Riga, Königsberg et Berlin. Arrivé à la Cour le 17 Octobre 1788, il est présenté au Roi Louis XVI le même jour. Il est traité en héros.

Le long périple de Barthélémy de Lesseps

Il conte cette aventure dans un ouvrage Journal historique du voyage de M. de Lesseps repris dans Le messager de Lapérouse.


Pendant ce temps on a perdu la trace de Lapérouse et de ses compagnons jusqu’à ce que Peter Dillon fasse une découverte.


Peter Dillon, né le 15 juin 1788 en Martinique et mort le 9 février 1847 à Paris est un navigateur, négociant en bois de santal et explorateur franco-irlandais. Après moultes péripéties, il rencontre le lascar Joe et Martin Bushart, matelot prussien qui racontent avoir acheté des objets à des indigènes à Vanikoro.

Peter Dillon
Martin Dushart

Ces objets proviennent de deux grands bateaux qui se sont échoués aux abords de l’Ile. Parmi ces objets figurent une garde d’épée que Dillon expédie à Paris. Quelques temps plus tard, il fait l’acquisition de la poignée de cette même épée.

Charles X l’accueille, le nomme chevalier de la Légion d’Honneur. Il lui accorde une indemnité de 10000 franc promis par Louis XVI et une rente viagère de 4000 francs dont la moitié réversible à sa famille.

Lors de la réception au Ministère de la Marine, toutes les reliques sont exposées dans le grand salon et admirées par l’assistance. Un vieux monsieur s’approche à son tour, on s’écarte à son passage tant sa haute taille inspire le respect. C’est Barthélémy de Lesseps, il a 63 ans. On est en mars 1829. Quarante et un ans sont passés depuis son retour du Kamchatka. Il examine la poignée de l’épée alors qu’un lourd silence s’installe. «Je crois, dit-il, que cette poignée a été celle de mon épée » et les larmes lui montent aux yeux». (Source : Peter Dillon, Voyage aux Iles de la Mer du Sud, Paris, Pillet Ainé, 1830, Notes du Mont Royal).. Les chiffres gravés avaient laissés imaginer, dans un premier temps, qu’il s’agissait des initiales du nom de Lapérouse.

Morceaux d’épée ramenés par Dillon

L’épée devait ressembler à celle-ci :

Epée de ville en argent.

Garde à pas d’âne, à large plateau ajouré. Lame triangulaire

Anne-Marie GUILLOT
Membre de l’ALAF

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